Délestage gaz: les entreprises face au défi de la transition énergétique

[ checkBrowser.version] [ checkBrowser.compatible]

[ checkBrowser.text.info]

[ checkBrowser.text.change] [ checkBrowser.text.browser].

[ literal.accesibilidad.IrAlContenido]

Endesa - électricité, gaz, personnes

  • Accueil
  • Blog
  • Délestage du gaz : les entreprises face au défi de la sobriété énergétique

Délestage du gaz : les entreprises face au défi de la sobriété énergétique

Posté le 6 septembre 2022

Face au contexte énergétique actuel et aux potentielles pénuries de gaz, le gouvernement exhorte entreprises et industriels à diminuer rapidement de 10% leur consommation. L’objectif : passer l’hiver sans black-out. En ultime recours, l’arme du délestage pourrait être utilisée. Seriez-vous concerné ? Explications.

Le délestage du gaz en France

En réaction à l’invasion militaire russe en Ukraine, en février dernier, l’Union européenne a imposé de lourdes mesures de rétorsion économiques et diplomatiques au pays. En retour, la Russie a fortement diminué ses exportations de gaz vers l’UE, menaçant de les couper intégralement, ce qui vient de se passer pour le groupe Engie en France. D’où l’intérêt de se questionner sur une pénurie d’énergie cet hiver.

Dans l’Hexagone, la situation est critique même si le pays n’importe que 17% de son gaz de Russie. Car cette année, sur les 56 réacteurs nucléaires qui produisent l’électricité tricolore, 27 sont à l’arrêt pour maintenance ou réparation. Il en résulte une forte diminution de la production nationale obligeant à importer de l’électricité de Belgique et surtout d’Allemagne. Mais au prix fort puisque l’électricité d’Outre-Rhin est produite par des centrales fonctionnant au gaz russe.

Sobriété énergétique

Les enjeux pour la France sont donc majeurs. À commencer par les prix de l’énergie qui s’envolent, celui du gaz ayant déjà été multiplié par cinq, à près de 300€/MWh. Avec des répercussions économiques capitales pour les entreprises dont les processus industriels nécessitent d’importantes quantités d’énergie.

À l’heure actuelle, face à la perspective d’une pénurie de gaz et d’électricité en cas de pic de demande cet hiver, la sobriété énergétique s’impose. Dans la lignée de la « fin de l’abondance » proclamée par le Président de la République, la Première ministre a incité entreprises et industriels à réduire rapidement leur consommation énergétique de 10%, pour atteindre 15% d’ici mars 2023, conformément à l’objectif fixé par la Commission européenne. Précisant qu’en cas de « rationnement », les particuliers seraient toujours privilégiés par rapport aux entreprises.

Le délestage, qu’est-ce que c’est ?

Au besoin, les entreprises pourraient se voir infliger des mesures plus coercitives comme le délestage de la consommation de gaz. Le décret du 8 avril 2022, modifiant le code de l’énergie, le rend désormais obligatoire. Le gouvernement pourra dès lors demander aux opérateurs de réduire ou interrompre la consommation de gaz des grands consommateurs (plus de 5 GWh/an) en deux heures pour sécuriser l’approvisionnement des sites sensibles assurant des missions d’intérêt général (sécurité, défense, santé, chauffage de ces sites, etc.). Des sanctions pécuniaires seront encourues en cas de non-respect des demandes.

Un ordre de délestage précis

5 000 entreprises ont été identifiées dans ce décret qui fixe aussi un ordre de délestage. Seront d’abord concernées les centrales de production d’électricité à cycle combiné gaz de plus de 150 MWh (sous réserve que la sécurité du réseau électrique soit maintenue). Puis les grands sites industriels des secteurs de la chimie, pétrochimie, raffinerie, métallurgie, agroalimentaire, etc. Ensuite, les grands bâtiments tertiaires comme les centres commerciaux, les salles de spectacle, les stades, etc. Avant, enfin, les acteurs consommant moins de 5 GWh/an (bâtiments collectifs résidentiels, résidentiel individuel, tertiaire, commerces, petits industriels, etc.).

Évaluer les conséquences du délestage

Ce même décret prévoit aussi l’évaluation de ces mesures de délestage de la consommation de gaz. Chaque année, les gestionnaires de réseaux devront mener une enquête de délestage auprès des grands clients (plus de 5 GWh/an) pour en connaître l’impact économique. En fonction des résultats, remis avant le 1er mai, chaque préfet de département établira la liste des grands consommateurs du territoire auxquels accorder une protection supplémentaire.

Comprendre la chaîne gazière

Pour assurer le fonctionnement de vos processus industriels ou simplement chauffer vos locaux, le gaz naturel effectue un parcours en cinq étapes depuis son extraction dans le sous-sol jusqu’à sa distribution sur votre site. C’est la chaîne gazière dont chaque acteur joue un rôle déterminant.

Étape 1 : l’extraction

L’extraction du gaz naturel est réalisée par les producteurs de gaz. En amont, les géologues prospectent pour détecter des gisements de gaz. Une fois identifiés, la phase de forage permet d’atteindre ces réserves qui sont ensuite exploitées. Le gaz naturel brut, avant son transport, subit différents traitements d’épuration.

Étape 2 : le transport

Le transport du gaz naturel est assuré par les gestionnaires de réseaux (GRTgaz et Téréga en France), depuis le lieu de production (Norvège, Russie, Algérie, Pays-Bas, etc.) jusqu’aux réseaux de distribution. Deux modes de transport existent et cohabitent : sous et sur terre, le gaz transite via les gazoducs ; sur mer, il est liquéfié (GNL, à -162°C) avant de remplir les cuves des méthaniers.

Étape 3 : le stockage

Afin de compenser les variations saisonnières de consommation, le gaz est stocké dans des réservoirs souterrains spécifiques (aquifères et cavités salines, à une profondeur comprise entre 400 et 1600 m) gérées par Storengy, Géométhane et Téréga. La France dispose d’une capacité de stockage de 130 TWh soit un tiers de sa consommation annuelle (450 TWh). La loi impose un remplissage minimal de 85% des capacités au 1er novembre. Actuellement, le stockage dépasse 91% avec un objectif de 100% d’ici fin novembre.

Étape 4 : la distribution

L’étape de la distribution du gaz consiste à l’acheminer aux clients (collectivités, particuliers, entreprises) via un réseau de distribution long de 207 000 km. Ce rôle est principalement dévolu en France à GRDF. Sa mission consiste à exploiter, entretenir et développer le réseau, raccorder les consommateurs au réseau, relever les consommations et les communiquer aux fournisseurs de gaz, dépanner en cas d’urgence.

Étape 5 : la fourniture

Selon la CRE, si plus de 130 fournisseurs de gaz naturel ont été agréés par l’État, seuls 17 opèrent activement sur le marché français. Ils achètent l’énergie aux producteurs avant de la revendre aux consommateurs finaux.

Les chiffres clés en France en 2022

  • 5 000 sites concernés par le délestage
  • 11,3 millions de sites alimentés en gaz naturel
  • 480 TWh/an : volume de gaz consommé
  • 28% du gaz naturel consommé par les industries énergo-intensives
  • 10% du gaz naturel est consommé pour produire de l’électricité
  • 33% des maisons, 50% des appartements, 50% des bâtiments tertiaires sont chauffés au gaz
  • 6,5 TWh de gaz « vert » issus de la méthanisation (énergie renouvelable) injectés dans le réseau de distribution